L’État et les déchets

Chaque État joue un rôle central dans l’organisation de la filière de gestion des déchets. Par son pouvoir législatif, il peut modifier fondamentalement les habitudes de gestion des déchets de la population et des entreprises. Ce rôle demande cependant de poser des actes courageux et souvent impopulaires.

Au Sénégal et de manière générale, en Afrique de l’Ouest, seulement 11% des déchets terminent en décharge contrôlée et 8% sont valorisés.

Sachant que la production de déchets en Afrique subsaharienne va au minimum quadrupler d’ici à 2050, le gouvernement sénégalais a décidé de prendre en main le problème. Depuis une dizaine d’années déjà, des efforts sont faits pour la collecte des ordures, à la fois par les autorités publiques et des acteurs privés. C’est ainsi qu’en 2011 le gouvernement créait l’Unité de Coordination et de Gestion des déchets solides (UCG) qui coordonne notamment le programme « Sénégal zéro déchet ».

Des programmes mais peu de moyen

Cependant, la gestion des déchets solides n’est pas une affaire aisée, elle est régie par plusieurs lois, et surtout, implique de nombreux acteurs. Pour le moment, l’approche de l’UCG n’a pu se concentrer que sur quelques grandes villes du Sénégal en laissant de côté les communes de taille
moyenne et les zones rurales.

En 2020, le Sénégal a interdit l’utilisation de cinq catégories de plastiques à usage unique.

Le manque de moyens est une fragilité de ce type de programme qui s’axe principalement sur la mise en place d’infrastructures. Les fonds pour le fonctionnement sont fréquemment manquants et conduisent à l’abandon de nombreux projets à peine entamés. La coopération au développement,
en multipliant les initiatives isolées, contribue également à la désorganisation de la filière.

Carte montrant les pays qui ont banni le plastique

Des avancées législatives face au plastique

En 2020, le gouvernement sénégalais décidait de s’attaquer au problème de la pollution plastique, en interdisant l’utilisation de cinq catégories plastiques à usage unique et en posant les bases pour leur gestion raisonnée.

Bien qu’encore partiellement appliquée, les plastiques tendent petit-à-petit à disparaître des marchés et des places publiques. Une victoire qui n’aurait pu avoir lieu sans une stratégie de contrôle réellement appliquée.

Un essaimage sur tout le continent

Le Sénégal n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Selon
Greenpeace1, 34 États africains (sur 54) ont déjà interdit
l’usage des sacs plastiques sur leur territoire (bien en avance
par rapports à d’autres continents). Bien que très différemment
appliquées, ces restrictions montrent l’importance
de décisions ambitieuses permettant des changements de
comportement.

Les pays africains ont pris une avance notoire concernant les législations d’interdiction du plastique.

Car ces lois ne sont que des étapes vers
une nouvelle perception des déchets par l’ensemble des citoyens
et des citoyennes. C’est ainsi que nombreux sont les pays à encourager également les mobilisations de quartier (Set Setal au Sénégal, Umuganda au Rwanda) qui visent à une prise en charge communautaire des déchets et un plus strict contrôle social.

Changer nos habitudes dès maintenant

Nous n’aimons généralement pas que l’Etat nous impose des contraintes. Pourtant, ce qui est vu comme une contrainte dans un premier temps devient rapidement une habitude auquel on ne voudrait plus renoncer. Qui se souvient de ces wagons-fumeurs irrespirables ? Gageons que dans 10 ans, utiliser du plastique sera devenu aussi incongru que de s’allumer une cigarette dans un train.


Cet article fait partie d’Autre Terre Magazine #9 qui parle de la production des déchets. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.

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