Le trésor des semences paysannes
L’agriculture est née lorsque les communautés locales ont commencé à collecter, à semer et à sélectionner des graines en les modifiant au passage pour répondre à leurs besoins.
Les semences dites « paysannes » ou « anciennes » sont des semences sélectionnées par les paysans, adaptées à leurs terroirs et à leurs modes de production, transformation et consommation. Aujourd’hui, ces semences incarnent des siècles de connaissances sur la manière de les conserver, les sélectionner et les semer pour leur permettre de porter une importante diversité de bons fruits et légumes.
L’histoire du gombo
qui poussait en 60 jours
À Gao, dans le nord du Mali, il n’est pas exceptionnel d’atteindre les 50° à l’ombre. La pluie est rare, le sol pauvre. Une variété de gombo s’y est pourtant adaptée et y produit des fruits en 60 jours.
Au Burkina Faso, 600 km plus au sud, le gombo local n’arrive plus à produire car la saison des pluies s’est raccourcie et son cycle de croissance de 90 jours est devenu trop long.
Grâce aux échanges de semences entre agriculteur·trices, ils et elles sont désormais plus de 2.000 à cultiver chaque année le gombo de Gao et en tirent aliments et revenus.
Pourtant, à l’arrivée de l’agriculture industrielle, des milliers de variétés d’antan ont été remplacées par les « semences hybrides ou F1 ». Les semences hybrides sont des semences issues du croisement de parents soigneusement choisis en laboratoire, qui présentent des caractéristiques remarquables (qualité gustative, résistance aux maladies) et complémentaires entre les deux parents. Les hybrides qui en résultent sont tous identiques, présentent des qualités supérieures à celles de la génération précédente et une vigueur accrue. Cependant cette vigueur ne dure plus qu’une seule génération et leurs graines ne peuvent pas être réutilisées, il faut donc acheter de nouvelles graines chaque année.
L’uniformité a remplacé la diversité.
Les semences sont devenues une marchandise mondiale au service de l’agriculture industrielle et des grandes entreprises. Pour lutter contre cette perte de diversité et les conséquences économiques pour les agriculteurs, des réseaux des producteurs locaux s’organisent partout dans le monde contre le monopole des géants des semences et leurs brevets, et redécouvrent les anciennes variétés.
Cet article fait partie d’Autre Terre Magazine #11 qui parle des semences. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.