Encore aujourd’hui, il existe des liens de dépendance entre les anciens pays colons et leurs anciennes colonies africaines. Parmi d’autres penseur·euses reconnus, Felwine Sarr, écrivain et économiste sénégalais, appelle à enfin achever la décolonisation de l’Afrique.
Dans son livre « Afrotopia », Felwine Sarr veut faire sortir l’Afrique des clichés et des images qu’on lui donne. Ce continent ne serait qu’une projection des fantasmes occidentaux depuis le 15e siècle.
Bien qu’on parle désormais d’émergence, de développement, d’Objectifs du Développement Durable, etc. il s’agit toujours d’une projection des imaginaires occidentaux. « Ce sont les rêves produits par d’autres au cours d’une nuit de sommeil où les principaux concernés ne furent pas conviés au songe collectif », nous dit Felwine Sarr. Et ces pensées conçoivent toujours une Afrique qui sera ce qu’elle n’est pas actuellement.
Une Afrique des possibles
Felwine Sarr nous invite à assumer le continent tel qu’il est aujourd’hui et à sortir des projections préconçues. « Ces concepts ont nié la créativité propre des sociétés africaines et leur capacité à produire des futurs possibles. » Si les effets du colonialisme sont bel et bien réels, la vapeur peut toujours être renversée selon lui, grâce à la compréhension, la solidarité entre les peuples et la reconnaissance du pouvoir des sociétés africaines.
« Sur le plan étymologique, développer s’oppose à enrouler, envelopper. Il s’agit de faire croitre, de dérouler, de déployer. En réalité, on ne développe que ce qui est déjà là, latent. Il fut proposé aux Africains un prêt à porter sociétal. Il leur fut demander de revêtir des formes institutionnelles produites d’un histoire millénaire née ailleurs […] Injonction à « être comme ». Mais, au lieu d’aboutir à « être plus », ça a été « être moins ». Ce fut littéralement une œuvre d’enveloppement des sociétés non occidentales dans des formes sociétales qui ne leur convenaient pas«
Pour en savoir plus sur la pensée de Felwinne Sarr, écoutez le podcast d’Afrotopique :
Des restes de la colonisation française qui posent question au Sénégal
De nombreuses voix s’élèvent pour rappeler l’importance d’une réelle souveraineté politique mais aussi économique et sociale au Sénégal (et en Afrique plus largement). Elles remettent en question le concept de développement et sa linéarité ainsi que ses indicateurs qui hiérarchisent les pays avec comme point de référence le modèle occidental. Ou encore, elles luttent contre l’implantation de multinationales occidentales rapatriant leurs bénéfices en Europe.
Le Franc CFA
Utilisé dans toute l’Afrique de l’Ouest est aligné sur l’Euro. Il est donc suréavalué par rapport au niveau de vie local ce qui fragilise les exportations et facilite le rapatriement de bénéfices générés en Afrique par les multinationales européennes. C’est également le Trésor français qui a le pouvoir de décider la création de monnaie en FCFA. Une situation largement dénoncée par de nombreux économistes africains.
Le groupe français Eiffage
Il gère les 200 km d’autoroute sénégalaise et, jusqu’il y a peu, le Sénégal ne bénéficiait que d’une rémunération ridicule pour sur cette concession.
Auchan
Il s’est récemment implanté au Sénégal et occupe déjà une position de leadership avec 32 supermarchés répartis sur l’ensemble du territoire. Le mouvement « Auchan dégage » symbolise la frustration de nombreux Sénégalais face à ces symboles français dans leur pays.
Statues
La statue glorifiant le général Faidherbe via
l’écriteau « Le Sénégal reconnaissant » trônait
jusqu’il y a peu à Saint-Louis alors que ce colon est pourtant bien connu pour ses pratiques violentes.
Cet article fait partie d’Autre Terre Magazine #12 qui parle des semences. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.