Au Burkina Faso, 80% de la population tire ses revenus et son alimentation de l’agriculture. C’est ainsi une activité essentielle qui mérite que l’on s’y arrête afin de mieux comprendre toutes ses nuances
Un pays quasi autosuffisant
De manière générale, la majorité des produits alimentaires consommés au Burkina Faso sont produits à l’intérieur du pays. En effet, le bilan alimentaire édité par le ministère de l’agriculture burkinabé indique un taux moyen d’autosuffisance alimentaire de 96% sur la période de 2013 à 2019. En guise de comparaison, la FAO (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime ce taux à 50,6% (en 2012) pour la Belgique.
Le Burkina Faso est donc autosuffisant pour sa production de légumes, de viande, d’œufs, de racines et tubercules ainsi qu’au niveau de sa production céréalière (91% entre 2013 et 2019). À contrario, le pays doit importer la plupart de ce qu’il consomme en matière de blé et farine de blé, huile de palme et sucre. Cette habitude de consommer du blé s’est petit à petit généralisée dans les familles urbaines depuis la colonisation.
Autosuffisant donc bien alimenté ?
Pas nécessairement. Bien que le pays produise à priori la majorité des aliments nécessaires pour nourrir la population, 20% de la population est toujours confrontée à des problèmes de sous-alimentation. Cette situation s’explique par différents facteurs tels que le manque de revenus, le manque d’informations quant aux régimes alimentaires adéquats, les disparités géographiques et l’insécurité qui a jeté plus de 1.000.000 de Burkinabè sur les routes, les rendant incapables de produire leur propre alimentation.
Agriculture familiale ou agro-business
L’agriculture burkinabè est dominée par de petites exploitations familiales (environ 900.000) de moins de 5 ha occupant plus de deux tiers des terres cultivées.
Les céréales (sorgho, maïs, mil, riz et fonio) occupent 66% des superficies emblavées. Si le mode de culture est essentiellement conventionnel avec l’utilisation d’engrais de synthèse chimiques, la production certifiée «biologique» est dominante dans certains secteurs spécifiques (cf. schéma). Cette production labellisée occupe environ 57 000 ha et est principalement destinée à l’exportation.
Un système de certification bio existe (via le CNABIO cofondé par Autre Terre) et est destiné aux consommateurs locaux. La certification se fait essentiellement sur les cultures maraichères avec 34 opérateurs certifiés en 2020. Outre son coût réduit pour le producteur, il présente également l’avantage de rapprocher le consommateur du producteur à travers de petits marchés hebdomadaires bio. Il permet aussi de garantir la qualité des produits achetés.
Une sécurité alimentaire fragilisée par les crises environnementales, sanitaires et sécuritaires
Comme ses voisins, le pays subit de plein fouet l’impact des changements climatiques. À titre d’exemple, le manque de pluie enregistré en 2019 a eu pour conséquence directe une diminution des fourrages et une réduction de la production interne de céréales. L’insécurité dans laquelle le pays est plongé depuis plus de deux ans met également la pression sur ses systèmes alimentaires: perte de moyens de subsistance due aux déplacements de population vivant du travail de la terre, destruction du matériel et des stocks de vivres, pertes de bétail, accès difficiles aux marchés et déplacements réduits…
Début mars, avec l’arrivée des mesures Covid limitant encore les échanges commerciaux et les déplacements, le pire était à craindre pour la sécurité alimentaire du pays. Fort heureusement, la propagation du virus y semble aujourd’hui relativement limitée.
Le « consommer local » en vogue!
Agribusiness shop est une boutique fondée par un couple de jeunes burkinabè. Ils vendent en gros et en détail des produits agricoles à fort impact social issus principalement d’entreprises sociales gérées par des femmes ou des jeunes. On y trouve environ 300 produits de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.
Dans cette même dynamique, l’État burkinabè a lancé un label «made in Burkina». Le logo qui y est associé est un identifiant unique qui montre que le produit a été fabriqué dans le pays.
Cet article fait partie d’Autre Terre Magazine #8 qui parle du Burkina Faso. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.