En Wallonie, les femmes représentent 30% de la main-d’œuvre agricole. Si ce pourcentage reste stable depuis des décennies, les statuts évoluent ! Dans les années 90, 62% d’entre elles étaient actives à titre de « conjointe aidante ». Ce statut représente une agricultrice sur deux. Cependant, il est en recul depuis 30 ans alors que celui de cheffes d’exploitation augmente. Aujourd’hui, 15% des fermes wallonnes sont tenues et gérées par des femmes.[1]
Afin de mieux cerner cette réalité, nous avons rencontré Sarah Remy du Jardin de la Fouarge. Suite à un appel de la commune de Comblain-au-Pont en 2016, Sarah s’est lancée dans une activité de maraichage en traction animale sur 1 ha. Pour travailler la terre, pas de machine, mais bien un cheval de trait dénommé Petula !
Que peux-tu nous dire de ton statut d’entrepreneuse en agriculture ?
Sarah : En maraichage, des filles il y en a autant que des hommes. C’est plus ou moins 50/50. Le fait d’être une jeune fille avec un gros cheval, ça m’a permis d’être identifiable, reconnaissable. Les rapports avec les agriculteurs en conventionnel du village ont toujours été très bons. Mais au début c’était un peu « Ah la petite qui va faire des salades ». Ils n’y croyaient pas trop. Le milieu du cheval de trait, c’est un milieu hyper masculin et c’est surtout le débardage. Les gens avec qui j’ai appris me disaient tout le temps : « il ne faut pas mener comme une femme hein ! ».
De mon côté, j’essayais de montrer que j’avais de la poigne, j’en rajoutais une couche. On m’a prévenue que c’était dur physiquement et on se tracassait beaucoup pour moi… J’imagine qu’on se serait moins inquiété si j’avais été un homme. Et on me demande toujours : « ton compagnon t’aide ? », sans penser que je puisse faire ça toute seule. J’ai appris à me servir de ma force. J’ai l’impression parfois que les femmes ne sont pas habituées à se servir de leur force physique.
Il y a « être agricultrice ou entrepreneuse agricole » et il y a être « paysanne », entre les deux, c’est comme une échelle, et moi je tends vers une sorte de paysannerie. J‘ai envie de ne pas vivre mon métier de maraîchère comme on vit un métier d’indépendant overbooké… Plutôt une manière de vivre dans la campagne au rythme de la nature.
Propos recueillis par Vincent Oury
[1] https://etat-agriculture.wallonie.be/contents/indicatorsheets/EAW-A_II_b_4.html
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d’Autre Terre Magazine
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